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«24 horas en la vida de una mujer» en francés

24 heures de la vie d’une femme

3.5929 votos
✒ Autor
📖 Paginas103
⏰ Tiempo de leer 4 horas 45 minutos
💡 Fecha de publicación1927
🌏 Idioma original Alemán
📌 Tipos Cuento , Novela
📌 GĂ©neros Drama, PsicolĂłgica, Realismo
📌 Secciones Novela psicológica , Novela realista

24 heures de la vie d’une femme: leer el libro

Dans la petite pension de la Riviera oĂč je me trouvais alors (dix ans avant la guerre), avait Ă©clatĂ© Ă  notre table une violente discussion qui brusquement menaça de tourner en altercation furieuse et fut mĂȘme accompagnĂ©e de paroles haineuses et injurieuses. La plupart des gens n’ont qu’une imagination Ă©moussĂ©e. Ce qui ne les touche pas directement, en leur enfonçant comme un coin aigu en plein cerveau, n’arrive guĂšre Ă  les Ă©mouvoir ; mais si devant leurs yeux, Ă  portĂ©e immĂ©diate de leur sensibilitĂ©, se produit quelque chose, mĂȘme de peu d’importance, aussitĂŽt bouillonne en eux une passion dĂ©mesurĂ©e. Alors ils compensent, dans une certaine mesure, leur indiffĂ©rence coutumiĂšre par une vĂ©hĂ©mence dĂ©placĂ©e et exagĂ©rĂ©e.
Ainsi en fut-il cette fois-lĂ  dans notre sociĂ©tĂ© de commensaux tout Ă  fait bourgeois, qui d’habitude se livraient paisiblement Ă  desmall talks et Ă  de petites plaisanteries sans profondeur, et qui le plus souvent, aussitĂŽt aprĂšs le repas, se dispersaient : le couple conjugal des Allemands pour excursionner et faire de la photo, le Danois rondelet pour pratiquer l’art monotone de la pĂȘche, la dame anglaise distinguĂ©e pour retourner Ă  ses livres, les Ă©poux italiens pour faire des escapades Ă  Monte-Carlo, et moi pour paresser sur une chaise du jardin ou pour travailler. Mais cette fois-ci, nous restĂąmes tous accrochĂ©s les uns aux autres dans cette discussion acharnĂ©e ; et si l’un de nous se levait brusquement, ce n’était pas comme d’habitude pour prendre poliment congĂ©, mais dans un accĂšs de brĂ»lante irritation qui, comme je l’ai dĂ©jĂ  indiquĂ©, revĂȘtait des formes presque furieuses.
Il est vrai que l’évĂ©nement qui avait excitĂ© Ă  tel point notre petite sociĂ©tĂ© Ă©tait assez singulier. La pension dans laquelle nous habitions tous les sept, se prĂ©sentait bien de l’extĂ©rieur sous l’aspect d’une villa sĂ©parĂ©e (ah ! comme Ă©tait merveilleuse la vue qu’on avait des fenĂȘtres sur le littoral festonnĂ© de rochers), mais en rĂ©alitĂ©, ce n’était qu’une dĂ©pendance, moins chĂšre, du grand Palace HĂŽtel et directement reliĂ©e avec lui par le jardin, de sorte que nous, les pensionnaires d’à cĂŽtĂ©, nous vivions malgrĂ© tout en relations continuelles avec les clients du Palace. Or, la veille, cet hĂŽtel avait eu Ă  enregistrer un parfait scandale.
En effet, au train de midi, exactement de midi vingt (je dois indiquer l’heure avec prĂ©cision parce que c’est important, aussi bien pour cet Ă©pisode que pour le sujet de notre conversation si animĂ©e), un jeune Français Ă©tait arrivĂ© et avait louĂ© une chambre donnant sur la mer : cela seul annonçait dĂ©jĂ  une certaine aisance pĂ©cuniaire. Il se faisait agrĂ©ablement remarquer, non seulement par son Ă©lĂ©gance discrĂšte, mais surtout par sa beautĂ© trĂšs grande et tout Ă  fait sympathique : au milieu d’un visage Ă©troit de jeune fille, une moustache blonde et soyeuse caressait ses lĂšvres, d’une chaude sensualité ; au-dessus de son front trĂšs blanc bouclaient des cheveux bruns et ondulĂ©s ; chaque regard de ses yeux doux Ă©tait une caresse ; tout dans sa personne Ă©tait tendre, flatteur, aimable, sans cependant rien d’artificiel ni de maniĂ©rĂ©. De loin, Ă  vrai dire, il rappelait d’abord un peu ces figures de cire de couleur rose et Ă  la pose recherchĂ©e qui, une Ă©lĂ©gante canne Ă  la main, dans les vitrines des grands magasins de mode, incarnent l’idĂ©al de la beautĂ© masculine. Mais dĂšs qu’on le regardait de plus prĂšs, toute impression de fatuitĂ© disparaissait, car ici (fait si rare !) l’amabilitĂ© Ă©tait chose naturelle et faisait corps avec l’individu. Quand il passait, il saluait tout le monde d’une façon Ă  la fois modeste et cordiale, et c’était un vrai plaisir de voir comment Ă  chaque occasion sa grĂące toujours prĂȘte se manifestait en toute libertĂ©.
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